Recharge et tests d'étanchéité d'un briquet à gaz.

 
Si cela paraît inutile de rédiger une fiche pratique à ce sujet, il s'avère dans les faits que cette opération, apparemment simple, est trop souvent mal réalisée et entraîne parfois un dysfonctionnement du briquet.  Un chapitre sera dédié aux briquets S.T. Dupont qui utilisent les cartouches spécifiques Dupongaz, un autre aux briquets à réservoir amovible. Mais commençons par le plus simple.


Choix du gaz.

Avant de remplir le briquet du grand-père que vous venez de retrouver au grenier, il va vous falloir acheter une bombe de butane. Vous trouverez cette fourniture chez tout bon buraliste, soit d'une marque réputée telle que Zippo, Colibri, Dunhill, Ronson, Silvermatch,  soit d'une marque peut-être moins connue comme Clipper, Saxo, Bel'Flam ou autres. Toutes les bombes ou presque sont livrées avec un jeu d'adaptateurs en plastique permettant le remplissage d'une multitude de briquets (parfois, aucun embout n'est nécessaire).
Comment choisir si choix vous avez ? Bien entendu, des gens avisés vont vous conseiller de ne prendre que du gaz de marque, voire même que de la marque de votre briquet ! Foutaise. En Europe aujourd'hui, la grande majorité du gaz pour briquets possède le label "zéro impuretés". De même, n'oubliez pas qu'à l'époque de votre grand-père, le gaz utilisé n'était sans doute pas au standard actuel de qualité. Autrement dit, si mal il doit y avoir, c'est déjà fait.

 
Un exemple de recharges et d'adaptateurs fournis
Un exemple de recharges et d'adaptateurs fournis
Remplissage d'un briquet classique.

Voici la procédure à suivre pour un remplissage optimal :

1 - Premier réflexe à avoir systématiquement : mettre le réglage de hauteur de flamme au minimum. Sur certains modèles, vous avez même un système de coupure totale. Si vous ne faites pas cela, votre hauteur étant actuellement réglée pour une faible réserve en gaz, lorsque vous allez allumer le briquet réservoir plein, il va se transformer en lance-flamme ! Pas de souci en revanche sur les modèles les plus anciens dépourvus de réglage puisque la hauteur est définie en usine afin d'avoir une flamme raisonnable briquet plein.

2 - Ouvrir, s'il y en a un, le bouchon d'accès à la valve de remplissage située sous le briquet.

3 - Vider complètement l'eventuel reliquat de gaz. Pour ce faire, poussez la valve à l'aide d'un tournevis horloger ou d'une pointe de stylo. Le réservoir sera correctement vidé lorsque vous n'entendrez plus aucun pschit.

4 - Mettre le briquet au congélateur une vingtaine de minutes. Cette étape n'est pas obligatoire mais elle permettra d'optimiser le remplissage (et d'augmenter l'autonomie du briquet).

5 - Retourner le briquet tête en bas, choisir si nécessaire l'adaptateur ad hoc et le poser sur le bec de l'aérosol. Appliquer la bombe de gaz sur la valve et remplir en plusieurs pressions de 3 à 5 secondes. À chaque relâchement de la pression, du gaz s'échappe, c'est normal et sans danger. Répéter la manœuvre jusqu'à ce que le réservoir refoule. Repositionner le bouchon de valve si équipé.

6 - Etape très importante : laisser reposer le briquet quelques minutes. Un briquet gaz ne fonctionne pas si on le sollicite immédiatement après une recharge, c'est normal, il faut laisser le gaz se stabiliser.

7 - Penser à réouvrir la commande de débit au minimum.  Allumer le briquet et effectuer le réglage de hauteur de flamme à votre convenance (hauteur chapeau conseillée).
Cas particulier des briquets S.T. Dupont.

Les briquets S.T. Dupont ont la particularité de n'être compatibles qu'avec les cartouches de Dupongaz qui se vissent. Et pour compliquer encore un peu plus les choses, tous les briquets Dupont n'utilisent pas le même type de cartouches ! Il existe quatre couleurs de cartouches que sont la jaune, la rouge, la verte et la bleue. La couleur idoine est rappelée dans le bouchon de valve mais, sur les vieux exemplaires, elle n'est parfois plus lisible. Voici donc un récapitulatif utile des briquets Dupont gaz et de la couleur de cartouche nécessaire pour chacun d'entre eux :



- D57 (1952 à 1960) petit modèle : recharge jaune
- D57 (1952 à 1960) grand modèle : recharge jaune

- BS (1959 à 1973) petit modèle : recharge jaune
- BS (1959 à 1973) grand modèle : recharge rouge

- BR (à partir de 1965) petit modèle : recharge jaune
- BR (à partir de 1965) grand modèle: recharge rouge

- Ligne 2 (à partir de 1977) petit modèle : recharge verte
- Ligne 2 (à partir de 1977) grand modèle : recharge jaune

- Gatsby (à partir de 1989) : recharge verte
- Lady (1989 à 2012) : recharge bleue  
- Montparnasse (à partir de 1989) : recharge jaune
- Soubreny (1994 à 2004) : recharge bleue
- Urban (1999 à 2005) : recharge bleue
Cartouches Dupongaz
Cartouches Dupongaz
Ces cartouches coûtent environ 7 euros pièce pour une autonomie de 20 à 30 jours selon la fréquence d'allumage du briquet. Si ce coût est encore supportable pour un unique briquet S.T. Dupont d'usage quotidien, il ne l'est plus pour le collectionneur qui possède plusieurs dizaines de modèles et devrait posséder toute la gamme de couleurs ! L'autre inconvénient des Dupongaz pour le collectionneur/restaurateur, c'est qu'une fois la cartouche percutée, il faut la vider complètement. Or si le briquet fuit comme une passoire (et le seul moyen de le savoir, c'est bien de mettre du gaz dedans !) , ce sont 7 euros mis à la poubelle.  Raison pour laquelle tout atelier de pyrophiliste est équipé d'adaptateurs en laiton permettant de tester l'étanchéité et/ou de recharger les briquets S.T. Dupont à partir d'une bombe universelle.
 
Adaptateurs laiton pour briquets ST Dupont
Adaptateurs laiton pour briquets ST Dupont
Cas particulier des briquets à réservoir amovible (Flaminaire, Silvermatch, etc.)

Les briquets à réservoir amovible sont les plus compliqués à maintenir en état fonctionnel. Le principe était simple : une fois le briquet vide, il fallait se rendre chez son buraliste pour acheter un nouveau réservoir. Pas de remplissage nécessaire, du "plug and play" avant l'heure. Malheureusement, ces réservoirs ne sont plus commercialisés depuis bien longtemps, les buralistes ayant tôt fait de préférer la vente de briquets jetables.


Episodiquement, on voit à la vente sur internet ou dans les brocantes quelques vieux stocks encore sous blister. Sans même avoir la garantie qu'il reste un peu de gaz dedans. Finalement, la seule solution pour redonner une flamme à ce type de briquets est de souder une valve de briquet jetable sur un réservoir vide. Il sera ainsi possible de recharger ce réservoir au même titre qu'un briquet standard.
Exemple de briquet Flaminaire avec son réservoir Butabloc E à droite
Exemple de briquet Flaminaire avec son réservoir Butabloc E à droite
Tests d'étanchéité.

Le briquet gaz fut un progrès considérable par rapport à son ancêtre à essence : plus d'odeur de carburant (notamment pour les fumeurs de cigares), la possibilité de régler la hauteur de flamme avec précision ou encore une autonomie record puisque le briquet ne se vide plus même inutilisé. Le prix à payer pour ces progrès est une mécanique plus complexe et plus fragile dans le temps. En effet, l'étanchéité d'un briquet gaz est assurée par un ensemble de joints toriques qui, comme tout caoutchouc, vieillit mal. C'est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit de remettre en route un briquet qui est resté inutilisé durant de longues années, permettant aux joints de sécher bien tranquillement.

Tester l'étanchéité d'un ancien briquet gaz est donc incontournable. Pour un modèle complètement mort, il n'y a pas trop de questions à se poser : lorsque vous allez le remplir, le gaz va ressortir aussi sec en faisant un grand pschit. Ce sont les fuites les plus subtiles qu'il va falloir identifier à l'aide de trois méthodes :

- La première méthode, la meilleure car la plus simple et la plus efficace, consiste tout simplement à se mettre dans une pièce au niveau sonore le plus faible possible et à porter le briquet, chapeau fermé (ce qui coupe automatiquement l'arrivée du gaz au brûleur) contre le pavillon de son oreille. Vous percevez un léger pschit ? Pas de doute c'est une fuite. Bien entendu, si je puis dire, cette méthode nécessite de ne pas avoir de déficience auditive et de pouvoir capturer les sons aigus.  

- La seconde méthode est moins académique et réclame certaines précautions. Elle consiste à passer la flamme d'un second briquet tout autour du briquet à tester et notamment au niveau de la valve de remplissage, des molettes de réglage ou de l'entraîneur. À l'endroit de la fuite, le gaz va s'enflammer vous permettant de la localiser. Mais attention ! Il arrive parfois qu'une fuite provoque une flamme inattendue de quinze ou vingt centimètres ! Il est donc impératif de réaliser cette opération en extérieur et en prenant garde de ne pas se faire roustir les sourcils.

- Enfin, la dernière méthode, employée par exemple par l'atelier SAV Dunhill, est la pesée sur balance de précision. Ainsi, une diminution de la masse du briquet ne pourra être provoquée que par une fuite du gaz qu'il contient.

 
 
 



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