Les briquets DUNHILL.
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Dunhill, prestigieuse marque anglaise de produits de luxe, reste sans aucun doute comme le concurrent le plus sérieux de S.T. Dupont en matière de briquets haut de gamme. À l'époque majoritairement assemblés en Angleterre et en Suisse, quelques modèles portèrent la mention "Dunhill Paris" et furent fabriqués en France.

C'est le cas du modèle Salaam qui a rejoint ma collection.

Ce briquet à essence produit entre 1946 et 1948 a la singularité d'être construit en aluminium anodisé noir. Un choix assez curieux de la part d'un fabricant de luxe davantage enclin à l'utilisation du laiton, de placages de métaux précieux, de nacre ou de laque de Chine. On sait toutefois que durant le conflit, suite à la mobilisation des métaux non ferreux dont le laiton fait évidemment partie, une grande variété de briquets fut usinée en aluminium. Certes, le Salaam date de l'immédiate après-guerre, mais il n'est pas exclu que le brevet ait été déposé bien avant, voire même que la production ait commencé bien avant 1946. Rappelons enfin que ce modèle précis est fabriqué en France, c'est à dire en zone occupée, et non au Royaume-Uni ou en Suisse comme ses petits camarades Dunhill.

La seconde particularité du Salaam, c'est d'avoir été souvent décliné en briquet promotionnel. Là encore, voir une marque de prestige faire de la réclame sur ses produits, c'est plutôt cocasse. L'exemplaire que je vous présente ici en est une excellente illustration.

Enfin un troisième trait intéressant : le Salaam est invariablement d'un noir profond, toujours souligné de la couleur or (le rouleau, la signature Dunhill sur la tranche avant et le logotype promotionnel s'il y en a un). C'est à la fois austère et à la fois terriblement élégant !

 
 
Les plus âgés d'entre nous auront reconnu l'ancien logo de la compagnie aérienne Air France. Cet hippocampe ailé fut emprunté à Air Orient puis utilisé par Air France de 1933 à 1976. Je glisse ici quelques documents d'archives afin de mieux s'imprégner du contexte. Tout d'abord une réclame de la compagnie datant de 1947 et sur laquelle on retrouve l'hippocampe.

Puis une photo du tarmac sur laquelle figurent deux Lockheed Constellation, appareils alors en service. Photo datant vraisemblablement de 1950 si l'on en juge par la plaque minéralogique de l'autocar Chausson, 859 AB 75, attribuée cette même année.

 




Cet exemplaire nécessiterait une légère restauration de la plaque supérieure. Visiblement en acier peint, elle est superficiellement corrodée. Un brossage délicat puis un nouveau voile de peinture devraient lui rendre son aspect original.

Il manque en revanche la petite vis située sur le pousse-pierre qui, en venant se positionner dans l'encoche, maintient le ressort comprimé afin de changer la pierre. À voir dans une gamme de visserie horlogerie.

Il restera finalement à changer la mèche et la rayonne.

 


 
Passons désormais à un autre modèle emblématique de chez Dunhill, premier briquet à gaz de la maison anglaise : le Rollagas.
 
L'aventure du Rollagas débute en 1947 à l'usine genevoise La Nationale S.A. Depuis 1923 déjà, sous l'impulsion de M. Léon Bolle directeur de département, La Nationale assemble les briquets Dunhill "Made in Switzerland". En 1947 donc, bien au fait des évolutions dans l'industrie du briquet, l'usine s'oriente vers ce qui semble être l'avenir, à savoir le briquet à gaz butane. Cela dit, c'est un départ un peu tardif puisque lorsque les études démarrent seulement du côté de la Suisse,  Marcel Quercia s'apprête à présenter dès l'année suivante, en première mondiale,  le Gentry et le Crillon en France.

Pour autant, La Nationale ne veut pas céder à l'empressement. D'autres fabricants, aujourd'hui disparus, ont voulu contrer Flaminaire dans "la course au butane" en toute hâte et n'ont abouti qu'à des briquets de piètre qualité. Et si le Rollagas ne sortira en définitive qu'en 1956, presque dix ans plus tard, c'est un briquet époustouflant et bien plus performant que ne le sont les modèles Flaminaire. Notons par exemple la flamme réglable ou encore la recharge directe en gaz qui ne nécessite pas, comme dans le cas de la marque française, l'achat de cartouches spécifiques. 
 

Voici donc une série de Rollagas avec de gauche à droite : un Silver Bark, un Gold Diamond Cut, un Gold Barley (MIB), un Gold Vertical Lines, un Gold Tartan et enfin un laque de Chine noire.  Les finitions et guillochis proposés sur le Rollagas furent nombreux, pour la plus grande joie des collectionneurs aujourd'hui. Dès les premières années de commercialisation, Dunhill proposait déjà six placages : le Rollagas Standard plaqué argent, le Standard plaqué or, le Rollagas Super plaqué à l'or rose, le Silver Sterling (identifiable par son poinçon argent +925), le plaqué or 9 ct et le plaqué or 18 ct. S'ajoutera une version or 14 ct à compter vraisemblablement de 1971 et les différentes laques de Chine à partir de 1973. Une multitude d'autres guillochis, d'autres matériaux (palladium, ruthenium, bois de bruyère, et cetera) et de finitions spéciales (Boucheron par exemple) existeront durant la longue carrière du Rollagas, toujours en vente en 2017.

 


Lorsque l'on parle de briquet emblématique, le terme n'est guère usurpé. Grâce à son raffinement et son élégance, le Rollagas a séduit de nombreuses personnalités. Hormis ses aventures cinématographiques entre les mains de l'espion de Sa Majesté alias 007, il fut le briquet favori de Dora Maar et Pablo Picasso, de Harpo Marx ou encore d'Elvis Presley qui appréciait avant tout sa finesse afin de pouvoir allumer ses cigarillos en toute circonstance.

En 2016, un des Rollagas du King portant les initiales EAP (Elvis Aaron Presley) s'est vendu aux enchères à Beverly Hills pour la somme de 2625 dollars.

Finalement une somme plutôt raisonnable lorsqu'on sait que Dunhill a proposé en 2009 un Rollagas Elvis Presley Edition avec placage or 18 ct, limité à 50 exemplaires seulement, au tarif stratosphérique  de 13 000 dollars !



 
Le dessous d'un Rollagas possède quelques éléments de datation. On notera par exemple le bouchon de valve qui fut frappé, au départ, de deux flèches indiquant le sens d'ouverture, avant d'être remplacé à partir de 1971 par le dessin à cercles concentriques. La gravure des dépôts de brevets a également changé au fil des ans. Ici, on remarquera le Barley au sommet de la pile qui figure parmi les premiers Rollagas (entre 1956 et 1961).

Le haut du briquet révèle également une certaine chronologie. Notez le Barley à gauche qui possède le numéro de brevet du mécanisme, celui-ci étant dépourvu de placage. Les deux modèles à droite, plus récents, voient leur mécanisme plaqué or ou argent selon la finition du corps, quant au numéro, il a disparu.
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